l’orangie

Vertu de la mort

Posted in Mots by loranji on janvier 7, 2023

La mort a cette vertu de célébrer la vie, mais le vice de le faire quand tout est fini. 

La pensée de la mort, en revanche, qui procède idéalement tout au long de la vie, à la vertu de lui donner du prix, un sens, et de la joie.

LJ

Tagged with: , , ,

Philippe Jaccottet 5 – De l’admiration motrice – Vidéo Dailymotion

Posted in Hommage, Mots by loranji on Mai 1, 2013

« Mon travail d’écrivain, piloter une barque mais en même temps la laisser suivre le courant ». Philippe Jaccottet. Joliment dit.

Via Rumeur d’espace http://wp.me/1c8Sd

Philippe Jaccottet 5 – De l’admiration motrice – Vidéo Dailymotion.

Tagged with: ,

On a fait de l’ego un mur.

Posted in Mots by loranji on avril 26, 2013

On a fait de l'ego un mur.

 » On a fait de l’ego un mur, et ce mur ne comprend même pas une porte par où communiqueraient l’intérieur et l’extérieur ! Suzuki (NDLR penseur japonais) m’a appris à détruire ce mur : ce qui importe, c’est de mettre l’individu dans le courant, dans le flux de tout ce qui advient. Et pour cela, il faut démolir ce mur, et donc affaiblir les goûts, la mémoire et les émotions, ruiner tous les remparts. Vous pouvez éprouver une émotion, ne croyez pas que c’est si important… Prenez-la de façon à pouvoir la laisser tomber ! …/… Et les émotions, si on les garde et si on les renforce, peuvent produire une situation critique. Juste la situation dans laquelle toute société se trouve maintenant !  »
John Cage
« Pour les oiseaux » – Entretien avec Daniel Charles – Edition de l’Herne.

Omniscience

Posted in Mots by loranji on avril 21, 2013

Omniscience

« Car rendre les choses spatialement et humainement « plus proches » de soi, c’est chez les masses d’aujourd’hui un désir tout aussi passionné que leur tendance à déposséder tout phénomène de son unicité au moyen d’une réception de sa reproduction. »

Walter Benjamin – l’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique – Edition s Allia

Rêve.

Posted in Mots by loranji on janvier 12, 2013

Cela se passait comme ça. Les hommes s’approchaient en tenant les bras de femmes horrifiées mais fascinées. Lui, léchait le goudron, un coin de bitume, souriant, avec de petits bruits de lapements, devant leurs bouches bées. Sous un lampadaire, restaient d’autres hommes. Il les distinguait et se disait : « ils ressemblent à des joueurs de cartes : ils se tiennent à distance, faisant semblant d’avoir du jeu. Du répondant. Ils bluffent ». il disait cela en retirant un gravier collé à sa langue. « Voulez-vous un verre d’eau ? » disait aussi l’une des femmes, mais finalement aussi plusieurs autres personnes présentes autour de lui. « Pour quoi faire, répondait-il. A quoi bon le verre d’eau pour le routier endurci – et il se transformait en routier endurci – à quoi bon le verre d’eau pour le juge d’expérience – et il se transformait en juge – à quoi bon le verre d’eau, si ce n’est pour la victime ? Or je suis le contraire de la victime. » Il dit cela en se roulant par terre et en riant. « Ah bon vous êtes victime, mais de qui ? » demandait un type un peu sourd qui n’avait rien compris. « Mais non ! criait l’assemblée, il a dit qu’il n’était pas victime ! » Et le type était poussé par les autres dans une calèche qui disparaissait. L’un des badauds se grattait le cou, en signe d’anxiété. « Moi aussi, disait un autre : je me gratte le cou en signe d’anxiété ». Plusieurs autres acquiesçaient, tandis que sous le réverbère, autour de lui, se tenait un conciliabule qui portait sur on ne sait plus trop quel sujet. Lui, s’était relevé du bout de trottoir qu’il avait léché et il disait : « Au fond, vous avez raison, je pourrais avoir soif maintenant que vous le dites Madame » C’était une femme qui portait dans ses bras un perroquet décapité. « Son ancien mari » murmurait-on. Quoi qu’il en soit, la femme au perroquet lui tendit le bras, avec un verre au bout, soudainement apparu. Mais sans eau. Elle semblait assoiffée elle-même. Sa langue pendait jusqu’à son menton. « Et le goudron au fait, risquait un type, ça donne soif ? Oui au fait, le goudron, ça donne soif alors ? demandait un autre. » « Ah ben oui, quand même, il faut avouer » répondit-il. Un confort extrême s’installait entre les êtres présents – c’était manifeste pour tout le monde – quelques mots, des bras le long du corps aussi, des regards qui ne font pas l’effort de s’éviter, voilà le tableau à présent. Tout cela au bord d’un carrefour un peu tortueux avec, pour un peu, un semblant de mélodie dans l’air ambiant « ça vient de ces écouteurs posés là-bas tous seuls sur un banc et qui sont réglés très fort » dit quelqu’un. Et puis aussi du foin qui vole dans l’air « un tracteur est passé là il y a cinquante ans. Il en reste du foin dans l’air. » dit un type avec un chapeau. « Hop, hop, hop ! » dit-il, lui enfin, en se relevant du bitume, du trottoir, et même de la ville ;  en esquissant trois pas de danse sur le bitume léché. Et il saute sur le toit d’une voiture garée. « Tant pis pour l’eau, madame perroquet, je vais aller boire un demi. Où y a-t-il un troquet, je ne vois rien. Ah, là bas le bar des Cygnes… ce sera donc le bar des Cygnes en compagnie d’un ancien député rencontré près d’une racine de platane. Il m’y attend déjà sûrement. Après j’irai dans un gymnase. On y éternue parce que les jeunes filles remuent des nuages de poussières avec leurs grands bras. » « Mais d’abord, il faut boire ce verre vide ! » insiste la femme. Elle répète sur un ton comminatoire : « Voulez-vous boire votre ceinture ! » « Voulez-vous attacher votre ceinture s’il vous plaît monsieur nous allons décoller… » Ah oui l’avion… C’est vrai. Tu es dans un avion. Tu t’es endormi avant même le décollage et l’hôtesse te répète : « Voulez-vous attacher votre ceinture s’il vous plaît merci » et tu es tout près de lui demander : mais pourquoi, au fait, je l’ai pris cet avion ? Tu cherches. Et d’ailleurs pour quelle destination. Tu cherches en chassant difficilement l’image de la dame au perroquet, et l’image, décapitée, du bar des Cygnes persiste en toile de fond, de ta réflexion. Pourquoi as-tu pris cet avion ? Le travail ? Non. Tu cherches, tu ne travailles plus. Une autre obligation ? Familiale ? Non. Tu cherches. Ah oui, tu te souviens, tu as pris cet avion sans raison. Au hasard. Pour voir. Où allons-nous déjà ? demandes-tu à ton voisin. « Las Palmas monsieur… les Canaries… » Durant tout le vol tu te demandes bien ce qui t’a pris de prendre cet avion, ce qui t’a passé dans la tête pour passer ta journée dans les airs vers le soleil d’un Sud à qui tu auras prêté, le temps du choix à l’aéroport, des vertus exotiques. Ou autre chose. Le temps du vol te laisse le temps de te dire que tu n’as rien à faire dans ce ciel-là et, passé le tapis bagages de Las Palmas, tu files aux Départs pour acheter ton billet retour dans le premier avion. C’était une erreur. Ce soleil était un faux, une copie. Ce voyage faisait de toi un faussaire de toi-même. Tiens pour reprendre le mot, un faux air de liberté. »

Tagged with: , ,

Ne recevant que pour répandre

Posted in Mots by loranji on juin 23, 2012

« Ne recevant que pour répandre »

Jeanne Guyon.

citée par Jean-Louis Chrétien – Symbolique du corps – la tradition chrétienne du Cantique des Cantiques

Jeanne Guyon Jean-Louis Chrétien Cantique des Cantiques

Jeanne Guyon

Tagged with: , ,

Vous me croyez fou

Posted in Mots by loranji on novembre 26, 2011

Vous me croyez fou, n’est-ce-pas, mais c’est mon ennui qui bouillonne.

LJ.

Tagged with: , , ,

Le talent

Posted in Mots by loranji on novembre 3, 2011

L’impatience ampute généralement le talent. La patience le révèle. LJ

Tagged with: , ,

sentence (I)

Posted in Mots by loranji on décembre 11, 2010

– La vie est ainsi, fête ?

– Non.

Tagged with: , ,

écrire, ou l’orgueil joyeux de l’imaginaire

Posted in Mots by loranji on septembre 13, 2010

Je repensais à ces mots de Truffaut à la fin de « La sirène du Mississipi », magnifique opus romanesque du réalisateur, avec Deneuve et Belmondo.

Celui-ci disait à propos de la beauté de celle-ci : « c’est une joie, et une souffrance ».

Les deux mots, évidemment, s’interpénètrent. Puisque l’amoureux est tout entier plongé dans son amour, comment pourrait-il démêler la joie de la souffrance ?

Je repensais hier, plus trivialement, à ces deux mots à propos de l’acte d’écrire, mais en les inversant ; façon de montrer qu’il s’inscrivent dans un rapport de succession.

Ecrire, c’est une souffrance, et une joie.

Une souffrance, bien sûr, au moment de « s’y mettre », une souffrance encore, pendant la séance d’écriture.

Et puis, dans un dernier temps, au moment de reposer les mains, et à condition que l’écriture ait effectivement rendu ce qu’elle avait à rendre : la libération, la bouffée de plaisir, la joie.

Joie légitimée par l’avenir, la relecture, ou joie déçue… J’allais dire, peu importe.

Pour  écrire, sans doute faut-il déjà accepter de goûter ce moment de joie dans une relative innocence, avant de se soucier de la recevabilité de son geste vis-à-vis d’autrui, éditeur ou lecteur. Cette joie est le moteur profond du récit, car elle entre en germination pour nourrir la séance d’écriture suivante, le « coup d’après ».

Cette joie n’est nullement intellectuelle ou abstraite. C’est une joie par le « son » qu’elle produit parce qu’elle trimballe les trésors et les breloques intactes, neuves – clinquantes même de l’instant révélé. D’où l’innocence des dernières sensations émanant du roman, d’où le fait que la vocation de cette joie est de retourner vers le récit comme un enfant veut retourner à l’eau ; cette volonté mais plutôt, cette envie de re-basculer, de verser encore vers le récit ; comme un marchant chargé de verroteries rejoint naturellement le caravansérail pour reprendre langue – une fois encore – agiter les mains, sourire. Et vivre.

Cette joie est en quelque sorte sociale, mais à l’intérieur même du roman, du récit, de l’esprit de l’auteur. Exclusivement. Il s’agit comme on dit trivialement de « son monde intérieur ».

Joie sociale ou, plus précisément, joie de l’intime en communion avec l’universel qui contient la société.

Quant à la souffrance, juste un mot : elle relève moins, à mon sens, du souci de la reformulation ou autre peaufinage artisanal, que de l’incertitude dans laquelle est pétri l’auteur, victime – heureuse si possible – de l’incroyable machinerie qu’il a mise en place ; dans l’élan que lui a accordé l’orgueil joyeux de son imaginaire.

Tagged with: , , ,